Le mot chocolatine figure dans le dictionnaire Le Petit Robert depuis 2007, et dans Le Petit Larousse depuis 2011, comme autre appellation du pain au chocolat. Ce terme reste néanmoins régional. La majorité des Français (environ 80 %) désigne cette viennoiserie par le nom de pain au chocolat. Seul le Sud-Ouest de la France (ainsi que le Nouveau-Brunswick, province du Canada, et le Québec) utilise le terme de chocolatine. De nombreuses autres différences linguistiques interrégionales existent, mais celle-ci fait l’objet d’un débat passionné depuis des années. Je vous invite à en découvrir l’origine.
D’où vient cette viennoiserie ?
Origine
Les boulangers Autrichiens August Zang et Ernest Schwarzer vendent leurs premiers croissants en France entre 1837 et 1839 dans leur Boulangerie Viennoise à Paris. Ils réalisent alors ces croissants avec de la pâte à brioche, et créent également une version au chocolat appelée « Schokoladencroissant ».
Ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’apparaît le croissant de tradition française et le pain au chocolat que nous connaissons aujourd’hui. Des boulangers français ont alors l’idée de remplacer la pâte à brioche par de la pâte levée feuilletée.
Recette de la chocolatine ou pain au chocolat
Le pain au chocolat se compose donc d’une pâte levée feuilletée identique à celle du croissant. Dans ce type de pâte feuilletée, le pâton dans lequel on plie le beurre contient de la levure de boulanger qui fait gonfler la pâte avant et pendant la cuisson. Cela nécessite généralement moins de beurre que dans la pâte feuilletée classique. Pour le pain au chocolat, cette pâte est rectangulaire et enroulée sur deux barres de chocolat.
D’où viennent les termes chocolatine ou pain au chocolat ?
Origine du terme pain au chocolat
Concernant l’appellation pain au chocolat, il existe deux hypothèses. La première : les boulangers français, au début du XXe siècle, auraient ainsi baptisé la viennoiserie pour qu’un lien soit fait avec leur métier. La seconde : cela viendrait du fait que le goûter des écoliers se composait alors souvent d’un petit pain, ou un morceau de baguette, fourré de morceaux de chocolat noir, et que la viennoiserie était aussi consommée au goûter.
En 1988, le pain au chocolat apparaît dans le code des usages (définition des produits de panification français) au journal officiel. Ce dernier en définit le procédé.
Étymologie du terme chocolatine
L’innovation lexicale chocolatine se compose du suffixe –ine ajouté au mot chocolat. Il s’agit d’une formation usuelle dans le lexique des arts culinaires. Ainsi, on la retrouve, par exemple, dans les mots nougatine, amandine ou encore abricotine.
Le terme chocolatine avec son sens actuel se diffuse probablement à partir de l’aire urbaine de Toulouse, centre linguistique historique et majeur. Durant la démocratisation de la viennoiserie au cours du XXe siècle, par effet de fréquence dans la langue, la désignation de la viennoiserie est devenue le sens premier du mot « chocolatine ». Il y a eu d’autres inventions du mot chocolatine, mais qui ne se sont jamais démocratisées.
Ainsi, une vaste Gascogne historique s'étendant sur les régions administratives actuelles de Nouvelle-Aquitaine et d'Occitanie (soit approximativement le grand Sud-Ouest français) a progressivement employé le mot chocolatine.
Autres termes régionaux
D’autres termes régionaux désignent cette viennoiserie. Ainsi, les Ardennes se distinguent en utilisant le terme régional de couque au chocolat, comme dans la partie nord de la Belgique francophone (dont Bruxelles). Les Hauts-de-France parlent eux de petit pain au chocolat. Les habitants du Grand Est optent soit pour petit pain au chocolat soit pour croissant au chocolat.
Médiatisation du terme chocolatine
Depuis quelques années, le terme de chocolatine est fortement médiatisé grâce aux réseaux sociaux notamment. En 2017, cinq lycéens de Montauban écrivent au Président de la République (François Hollande), puis à l’Académie française, afin d’obtenir la reconnaissance officielle du mot chocolatine.
Il semble que l’Académie française n’ait pas tranché officiellement. Vous pouvez donc utiliser les deux appellations. Choisissez bien en fonction de là où vous vous trouvez !
La plupart des habitants de la région Sud-Ouest défendent ce terme avec passion. Plusieurs arguments servent leur cause, notamment :
Le mot chocolatine est unique (ne désigne que la viennoiserie) et cette appellation plus simple que pain au chocolat ;
Le terme Chocolatine est issu d’une formation lexicale déjà validée pour de nombreuses autres recettes (nougatine, abricotine, amandine, etc.) ;
L’appellation pain au chocolat est plus ambigüe, car cela peut aussi désigner un petit pain avec des pépites de chocolat, ou encore un morceau de baguette avec des carrés de chocolat noir dedans (goûter à l’ancienne) ;
La recette du pain est totalement différente (eau, sel, farine et levain uniquement) ;
Le mot chocolatine est facile à dire, écrire et comprendre, y compris par les anglophones (le mot chocolat est le même en anglais ; le mot in en anglais signifie à l’intérieur, et on a bien du chocolat à l’intérieur de la chocolatine).
Alors, d’après vous, l’usage français global pourrait-il évoluer vers l’appellation chocolatine ?
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